Plantes médicinales : pas sans danger !
Vous êtes nombreuses à jouer les petites sorcières et à vous vouloir vous soigner avec des plantes médicinales. Au vue des scandales concernant les médicaments et leur effets secondaires c'est un peu normal de se tourner vers des médecines dites "douces" pour se soigner . Néanmoins, l'utilisation de ces plantes n’est pas sans risques et certaines peuvent causer de graves dégâts dans le corps voir être mortelles. Et s'improviser "Apprentie Sorcière" n'est pas dénuée de conséquence.
Naturel oui, mais pas inoffensif !
Ce n'est pas parce qu'une plante est 100 % naturelle qu'elle n'est pas dangereuse ! Les effets secondaires de la phytothérapie ont été souvent évoqués ces dernières années, des plantes traditionnellement réputées sans risque peuvent ainsi s’avérer toxiques dès lors qu’elles sont utilisées à large échelle.
Souvent quand une plante nous va et nous a fait du bien on s'empresse de donner le nom de celle-ci, à une amie pour l'aider elle aussi ! Cela part bien sur d'un bon sentiment MAIS Ce qui va pour vous à cette dose ne convient pas forcément à votre voisine, déjà parce qu'elle n'a pas la même constitution mais aussi et surtout parce que vous ne connaissez pas ses antécédents médicaux !
Des plantes dangereuses !
Mal utilisées certaines plantes peuvent devenir toxiques et de véritables poisons !! Certaines ont même été retirées de la vente ! Voici une petite liste non exhaustive :
- Le Kava ( Piper methysticum). Cette plante, utilisée principalement pour soulager l’anxiété, est interdite dans plusieurs pays, dont l’Allemagne et le Canada. En janvier 2002, et à la suite d'une trentaine de cas d'hépatite comptabilisés en Europe, l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a suspendu la délivrance de produits contenant du kava en France. Trois cas mortels ont été rapportés.
- La Réglisse (Glycyrrhiza glabra), elle, a des propriétés expectorantes mais affecte aussi la pression sanguine et notamment lorsqu'on est hypertendu , elle est donc formellement déconseillée car elle retient l'eau.
- L'Orange amère (citrus aurantium). Utilisée en remplacement de l’éphédra dans plusieurs suppléments censés favoriser la perte de poids, l’orange amère pourrait provoquer de l’hypertension, augmenter le risque d’arythmie, de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. Elle contient de l'octopamine, un stimulant qui peut entraîner un contrôle anti dopage positif.
- Lobélie gonflée (Lobelia inflata). Traditionnellement utilisée pour traiter l'asthme, la coqueluche et la bronchite chronique, cette plante a provoqué des difficultés respiratoires, de la tachycardie, des convulsions, de l'hypothermie, une chute de tension artérielle, le coma et la mort.
- La Menthe pouliot (Hedeoma pulegioides). Cette plante a été reliée à des cas de toxicité rénale et hépatique, des convulsions, des dommages neurologiques et des décès.
- Le Séné (Cassia Augustifolia)Un cas d’hépatite a été décrit chez un patient après l’ingestion abusive d’extraits de fruits de séné. Les sennosides, qui sont les constituants principaux du fruit et des feuilles de séné, sont convertis en rheinanthrone par les bactéries intestinales. Le rhein anthrone a une structure très proche de celle du danthrone ( 6 constituant de la rhubarbe) qui est connu comme un laxatif hépatotoxique.
- La Scutellaire (Scutellaria lateriflora). Traditionnellement utilisée pour soulager l’agitation, la nervosité et l’insomnie, cette plante a été reliée à des dysfonctions et des dommages hépatiques.
- La Valériane (Valeriana). La valériane est utilisée comme sédatif, hypnotique, spasmolytique et hypotenseur. Des études ont montré que cette plante contient des agents fortement alkylants capables d’inhiber l’incorporation de la thymidine dans l’ADN. Plusieurs cas d’hépatite chronique avec insuffisance hépatique ont été associés à la prise de préparations contenant de la valériane.
- Le Yohimbe (Pausinystalia yohimbe). L’écorce de cet arbre est traditionnellement utilisée pour stimuler la fonction érectile. Son emploi peut causer des changements dans la pression sanguine, de l’arythmie, des troubles respiratoires, une crise cardiaque. Des décès ont été rapportés.
- Le Saw palmetto ou pollen de palmier nain (Serenoa repens) est une plante qui contient des phyto-oestrogènes donc attention aux femmes ayant des ovaires polykystiques, à éviter chez les asthmatiques, ulcères estomac +++, maladies cardiaques . Il peut augmenter le risque de saignement. Il peut avoir un effet sur les hormones sexuelles, afin de l'utiliser avec des médicaments qui ont des propriétés similaires doivent être évités. Il est est à utiliser avec précaution chez les personnes qui prennent des plantes ayant des propriétés anticoagulantes et antiplaquettaires (ail, ginkgo biloba, ginseng). et chez les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants et antiplaquettaires
Interactions avec les médicaments
Lorsque les plantes médicinales et les médicaments ( sur ordonnance ou en vente libre) sont utilisés conjointement, ils peuvent interagir à l’intérieur du corps et provoquer des changements dans le mode d’action des plantes et/ou des médicaments.
Les interactions plantes-médicaments peuvent avoir un impact sur votre santé et l’efficacité de vos traitements. Par exemple, certaines plantes médicinales pourraient :
- accroître le nombre d’effets secondaires des médicaments et provoquer des toxicités
- réduire l’effet thérapeutique des médicaments et provoquer l’échec du traitement ,
- modifier l’action des médicaments et entraîner des complications,
- augmenter excessivement l’effet thérapeutique des médicaments (surmédication)
Les médicaments livrés sur ordonnance et ceux offerts en vente libre peuvent également modifier la façon dont votre corps réagit aux plantes médicinales.
Il serait bien sur impossible que je vous cite toutes les plantes qui interagissent avec les médicaments mais voici un petit échantillons pour vous donner un ordre d'idée, cette liste n’est pas exhaustive :
- Le Gingko biloba interagit avec les anticoagulants et aussi certains anti inflammatoires non stéroïdien (ibuprofène), les anti acides (oméprazole)
- Le millepertuis (Hypericum perforatum) le premier vendu en Allemagne est interdit en France à cause de problèmes d'interactions médicamenteuses avec les antidépresseurs, les anticoagulants et les médicaments administrés aux greffés mais l'exemple le plus courant étant l'interaction avec les contraceptifs oraux : le millepertuis empêche votre pilule contraceptive de fonctionner correctement lui faisant perdre sa capacité contraceptive.
- Le kava (Piper methysticum) interagit avec l’alcool ou en présence de lésions hépatiques
- La griffe de diable (Harpagophytum procumbens), le ginseng (Panax ginseng) ou le dong Quai (Angelica sinensis) interagissent avec la warfarine
- L’aubépine (CrataegusSpecies) peut être dangereuse lorsque l'on est traité pour le coeur donc là-aussi méfiance avec les médicaments contre l’hypertension, la digoxine ou les antidépresseurs.
- Le Saw palmetto ou pollen de palmier nain (Serenoa repens) est à utiliser avec précaution chez les personnes qui prennent des plantes ayant des propriétés anticoagulantes et antiplaquettaires (ail, ginkgo biloba, ginseng). et chez les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants et antiplaquettaires.
- Le ginseng (panax) peut augmenter l'effet stimulant des certaines plantes (café, guarana...) et l'effet hypoglycémiant d'autres plantes (fenugrec, psyllium...) ou de médicaments.
Beaucoup d'autres plantes peuvent être toxiques si elles sont prises en quantité trop importante :
- la fleur de thym qui peut provoquer par une infusion trop importante une chute tensionnelle parfois spectaculaire,
- le gui,
- la valériane,
- le sassafras,
- l'héliotropium,
- la consoude.
La plus grande prudence s'impose donc pour éviter des incidents parfois dramatiques.
La bonne utilisation des plantes
Premier conseil : Ne vous aventurez pas dans l'inconnu, même si vous connaissez cette plante depuis des années, elle peut vous surprendre dans le mauvais sens du terme !
Adressez vous à des professionnels : Un naturopathe est formé en phytologie et aromatologie ! Il vous proposera des plantes "sur mesure" selon votre cas à vous, valable pour ce moment là, avec des conseils choisis de plantes et des bonnes adresses pour vous fournir !
Votre pharmacien peut aussi vous renseigner concernant l'interaction avec les plantes, surtout si vous prenez des traitements médicamenteux conventionnels car comme vous l'avez lu plus haut les interactions peuvent être parfois très graves !
La dose , c'est la dose ! Et oui on est toujours tenté d'augmenter les doses, on minimise parce que ce sont des plantes naturelles hors en cas de surdosage des effets secondaires peuvent apparaître. Donc on change pas la posologie donné ni la longueur du traitement.
De même que le mode d'adminitration est important !! Par exemple l’Arnica montana est une plante extremement efficace contre les hématomes et les contusions (sans écorchures), mais c’est un poison pour l’homme si elle est avalée ! (sauf sous forme homéopathique). Donc veillez à bien suivre les recommandations liées à l’utilisation interne ou externe des plantes ;
La qualité des plantes est importante ! On est souvent attiré par des prix bas mais attention aux arnaques !! Ceci dit un prix élevé n'est pas forcément un critère de choix non plus mais si le prix est est vraiment très bas par rapport à celui pratiqué par d’autres producteurs, il y a fort à parier que les principes actifs contenus dans ces plantes sont de mauvaise qualité. Là encore une consultation en naturopathie vous permettra d'avoir des plantes de chois sélectionnées par votre thérapeute.
Conclusion naturopathique
Oui il est vraiment que je vous conseille très très souvent de consulter un naturopathe. Certains penseront surement que c'est une question de publicité. NON C'est un réel conseil car j'ai vu les dégâts que peuvent faire la mauvaise utilisation de certaines plantes et même si le but d'un naturopathe est un de vous transmettre des outils pour que vous soyez autonomes, il n'en reste pas moins que certains approfondissement sont nécessaires.
Le naturopathe vous proposera du "sur mesure", adaptés à vos besoins. Et vos besoins ne sont pas ceux des autres.
Certaines prendront mon discours comme "alarmiste" ce n'est pas le but. Et je ne sous-estime personne quand je parle d'apprentie sorcière" c'est un petit clin d'oeil d'humour. Mais l'usage des plantes même les plus communes ne s'improvise pas.
Sources et en savoir plus :
- Etude de l'American Heart Association - Raymond H. Chan M.D, Kevin Kwan, M.D - Doctors should know what alternative therapies their patients are on. 17 novembre 2005
- http://www.medisite.fr
- http://www.docbuzz.fr
- http://sante-guerir.notrefamille.com
- sources image : iStock Getty images